Mise-à-jour : 08/06/19
Genèse du drame :
A
New-York, dès le début des hostilités, en 1939, le Champlain est
réquisitionné avec 7 autres grands paquebots pour transporter
30.000 recrues en Afrique du Nord. Il reçoit donc, avec le Queen
Mary,
la traditionnelle livrée grise (à New-York et non Halifax). L'émouvante photo ci-dessous
le montre avant son départ de New-York, en compagnie (de
l'autre coté du pier 88 de la French-Line)
de... Normandie, qui
lui, y restera jusqu'à son tragique incendie :
source et crédit-photo : Великие Океанские Лайнеры/The Great Ocean Liners,
colorisation Daryl LeBlanc
colorisation Daryl LeBlanc
source et crédit-photo : Великие Океанские Лайнеры/The Great Ocean Liners
Il assure plusieurs liaisons, Casablanca, Marseille, New-York, Bizerte, une dernière fois New-York.
Légèrement armé par la dotation de 2 canons légers, de radeaux et d'embarcations provenant du Normandie, il est chargé, dans les soutes, de 3000 tonnes de cuivre en lingots, du matériel de guerre (2 canons et 30 avions Curtiss H 75 en pièces détachées). Il embarque presque 200 passagers dont Etienne Payen de la Garanderie, dernier commandant du Normandie qui vient d'être saisi par les américains. Il appareille le 4 juin pour arriver le 12 juin 1940 à Saint-Nazaire où il débarque ses passagers, mais en reprend 180 autres, tous employés de la C.G.T. réfugiés du Havre. Délesté de son chargement, il est requis pour le transport des membres du gouvernement et 27 parlementaires vers Alger (qui seront finalement acheminés par le Massilia).
Légèrement armé par la dotation de 2 canons légers, de radeaux et d'embarcations provenant du Normandie, il est chargé, dans les soutes, de 3000 tonnes de cuivre en lingots, du matériel de guerre (2 canons et 30 avions Curtiss H 75 en pièces détachées). Il embarque presque 200 passagers dont Etienne Payen de la Garanderie, dernier commandant du Normandie qui vient d'être saisi par les américains. Il appareille le 4 juin pour arriver le 12 juin 1940 à Saint-Nazaire où il débarque ses passagers, mais en reprend 180 autres, tous employés de la C.G.T. réfugiés du Havre. Délesté de son chargement, il est requis pour le transport des membres du gouvernement et 27 parlementaires vers Alger (qui seront finalement acheminés par le Massilia).
Mais... le 16 juin, Saint-Nazaire subit son premier bombardement et sur ordre, Le Champlain se réfugie dans la rade de La Pallice (La Rochelle) où il jette l'ancre. Dès l'heure, son funeste destin est scellé !
source et crédit-photo : Géoportail
Le naufrage :
Le 17, à 9 heures 10, sous l'action très naturelle du changement de la marée, le Champlain tourne sur son point de mouillage et l'arrière heurte une mine magnétique larguée la veille par la Luftwaffe.
(Merci à Philippe Regottaz pour sa collaboration)
La totalité des passagers ainsi que 280 hommes d'équipage sont sauvés, 12 sont tués (1 disparu ?) !
source et crédit-photo : F. Delboca
source et crédit-photo : F. Delboca
Voici un court extrait du rapport établi par le commandant Lescarret, qui tord le cou à quelques canards, dont celui qui prétendait que la gite avait rendu impossible la mise à l'eau des canots de sauvetage :
"L'explosion de la mine eut lieu à tribord-arrière * . La secousse fut si violente que je vis l'arrière se cabrer, le panneau 5 voler en éclats... Le navire se disloqua, la soute à mazout fut crevée et par une ouverture béante, le mazout s'écoula à flots. Le 2° capitaine aidé par des lieutenants, tout en fermant les portes étanches, transmit l'ordre d'évacuation à la voix. Malgré la gîte sur bâbord, les canots furent amenés. Le personnel civil s'occupa de l'embarquement des femmes et des enfants... La gîte était telle qu'au bout de six minutes environ, les derniers rescapés durent de laisser-glisser le long de la coque, aidés des échelles et suspentes, avant de sauter à l'eau et d'être recueillis par les canots. Le navire finit par toucher le fond, la cheminée étant au ras de l'eau. Le second capitaine, le 3° lieutenant et moi même étions agrippés aux batayoles de la passerelle basse. L'inclinaison du navire restait limitée à 80° environ de la verticale**".
(Mémoire de la French Lines, Éditions PTC, volume 1)
* : Précisément, sous la chaufferie, au point de flexion de la coque.
** : Erreur d'estimation, en fait, un angle de 50 degrés.
Une forte tempête le redressera, par la suite, à 20/25°, ce qui explique les différences que l'on peut constater sur les clichés (Celle du 16/17 novembre 1940 ?) À La Rochelle, le baromètre chute à 982 hPa le 16 et vers 17 heures
un ouragan s’abat sur les côtes. La tempête atteint son maximum
vers 18 heures. Le dimanche matin, le baromètre affiche 995 hPa ).
source et crédit-photo : F. Delboca
La position du navire Nord-ouest, avant au Sud-est, est immobilisé sur le haut-fond (environ 10 à 13 m) et sa gite, rend pathétique sinon ridicule la revendication du Kapitan-Korvette von Stockhausen, commandant l'U 65 qui le 21 juin, lance pas moins de 2 torpilles sur une épave... qualifiée, ultime outrage, de cargo... Haut fait d'armes !
Alors, imaginez les dégâts faites par deux torpilles sur le Champlain, qui avait déjà coulé et ne présentait donc aucun danger.
source et crédit-photo : Robert Brochot
source et crédit-photo : F. Delboca
Les Allemands vont missionner en 1941, "l'entreprise Serra, à l'aide de ses scaphandriers, récupère la cargaison et essaie de renflouer le navire, sans succès, le projet fut abandonné. Au cours de ces opérations 3 scaphandriers, victimes d'accident de plongée perdirent la vie..Les machines-outils du Champlain permettront au personnel du KMW d'entretenir les sous-marins en 1942".
(Blog de Papère)
Épilogue :
Avant que le pont de l'Ile de Ré ne soit construit, les passagers des bacs qui assuraient la rotation Sablanceaux/La Pallice pouvaient apercevoir la triste silhouette grise et rouille du malheureux Champlain qui a solidement résisté aux tempêtes et aux attaques de l'air marin et salin.
Ironie, humour ou opportunité ? Un des bacs n'hésite pas à emprunter le nom de Champlain...
Le démantèlement de l'épave :
Il faut attendre les années 1963 à 1969 pour que l'épave soit ferraillée sur place, à nouveau par l’entreprise marseillaise SERRA.
Messieurs SERRA, père et fils :
En 1969, ultime campagne de démantèlement, une plateforme avec grue et une barge suffisent, c’est terminé pour le Champlain ! On distingue tout-de-même le fonds plat, irrécupérable sans doute et maintenant recouvert de sédiments).
Le site, aujourd'hui :
emplacement de l'épave :
Trait rouge : emplacement de l'épave
En pointillé : les digues d'entrée à l'époque (se reporter à la photo ci-dessus, dans "Genèse")
Et... voici tout ce qui (apparemment, sauf dans les réserves de French Lines ?)) reste de notre héroïque paquebot : Un des 6 éléments de la sirène, le sifflet :
Pièces diverses :
Avant que le pont de l'Ile de Ré ne soit construit, les passagers des bacs qui assuraient la rotation Sablanceaux/La Pallice pouvaient apercevoir la triste silhouette grise et rouille du malheureux Champlain qui a solidement résisté aux tempêtes et aux attaques de l'air marin et salin.
Source, crédit photo : en attente d'identification, droits réservés.
Ironie, humour ou opportunité ? Un des bacs n'hésite pas à emprunter le nom de Champlain...
Source, crédit photo : en attente d'identification, droits réservés.
Le démantèlement de l'épave :
Il faut attendre les années 1963 à 1969 pour que l'épave soit ferraillée sur place, à nouveau par l’entreprise marseillaise SERRA.
source et crédit-photo : F. Delboca
source et crédit-photo : F. Delboca
source et crédit-photo : F. Delboca
source et crédit-photo : F. Delboca
source et crédit-photo : F. Delboca, collection E. Guéguéniat
Messieurs SERRA, père et fils :
source et crédit-photo : F. Delboca
En 1969, ultime campagne de démantèlement, une plateforme avec grue et une barge suffisent, c’est terminé pour le Champlain ! On distingue tout-de-même le fonds plat, irrécupérable sans doute et maintenant recouvert de sédiments).
Le site, aujourd'hui :
emplacement de l'épave :
source : carte du Shom
Source, crédit-photo : Géoportail
Trait rouge : emplacement de l'épave
En pointillé : les digues d'entrée à l'époque (se reporter à la photo ci-dessus, dans "Genèse")
Et... voici tout ce qui (apparemment, sauf dans les réserves de French Lines ?)) reste de notre héroïque paquebot : Un des 6 éléments de la sirène, le sifflet :
Musée de la Marine, Paris
Pièces diverses :
Musée Le bunker, La Rochelle
Sources bibliographiques :
- Cabin-class rivals, de D.Williams et R.P. de Kerbrech, éd. History-Press.
- Les navires et histoire, numéros 93/2015 & 94/2016.
- Cabin-class rivals, de D.Williams et R.P. de Kerbrech, éd. History-Press.
- Les navires et histoire, numéros 93/2015 & 94/2016.
J'ai
eu davantage de chance que le commandant Lescarret ! J'ai subi
moi aussi une attaque : mon navire, le Ramona évoluait à
pleine puissance.
Enfin, au début, parce qu'ensuite, le chadburn m'a
fait défaut et j'avoue avoir légèrement perdu mon sang froid. Il
faut tout de même savoir qu'une torpille est un engin ravageur, de
53 cm de diamètre et 7 mètres de long. Elle emporte une charge
explosive de 280 kg. de TNT, sa
vitesse de 40 nœuds et son rayon d'action de 7,5 km !
Alors, imaginez les dégâts faites par deux torpilles sur le Champlain, qui avait déjà coulé et ne présentait donc aucun danger.
Fort heureusement pour moi, le croiseur USS Los Angeles est intervenu à temps !
2 autres épisodes suivent (voir index)
Remarquable enquête. T'aurais pu (dû) faire historien ! Bravo.
RépondreSupprimerbravo, beau et bon récit
RépondreSupprimerun régal
RépondreSupprimerExcellent reportage !
RépondreSupprimerMais pourquoi l'expression (citée par Haddock) "E finita la commedia" est-elle surlignée ?
Je vais arranger cela, merci de me l’avoir signalé
SupprimerQU EST IL ARRIVE AVEC LES 75 AVIONS EN PIECES DETACHEES ?
RépondreSupprimer30 avions ( Curtiss) seulement et en pièces détachées, arrimées sur le sun-deck, il est probable qu'ils ont été très rapidement récupérés
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